Salut! J’espère que la Newletter de l’Escalade ne t’a pas trop manqué ! Depuis que j’écris dans grimper magasine et que mon nombre de coachés à augmenté, j’ai été moins régulier sur les newlsetters et j’en suis désolé ! Je vais essayer de revenir à un rythme plus fréquent.
Aujourd’hui j’aborde une question plutôt orginale: les blocs modernes que nous proposent les salles actuelles sont-ils compatibles avec la progression en falaise ?
Par blocs modernes, j’entends les blocs à coordination, skates, dalles sur volumes glissants et escalade sur plastique lisse 🥶 !
La plupart des falaisistes avec qui j’aborde ce sujet sont convaincus que ces nouveaux styles sont incompatibles avec la progression en falaise. Je les comprends, j’ai moi-même partagé cette opinion pendant un temps: au niveau la gestuelle on peut même se demander s’il s’agit toujours du même sport ! Pourtant, ma vision a évolué, j’aime essayer ces blocs modernes, apprendre des nouvelles compétences mais surtout je n’aime pas ne pas y arriver ! J’ai donc fait le choix d’essayer de m’adapter, difficilement (j’ai commencé l’escalade en 1999 !). Actuellement, j’ai fait pas mal de progrès, je commence à m'en sortir dans les contests locaux, mais il existe toujours un monde entre mes points forts et ces nouvelles acrobaties !
Pour revenir à la falaise, je me suis rendu compte, un peu par hasard donc, que d’avoir travaillé des blocs pourtant très éloignés de la gestuelle en falaise, m’avait apporté des choses intéressantes, et même m’avait fait progressé sur certains points.
D’abord, je pense que si les salles modernes proposaient uniquement des blocs old school, aujourd’hui je m’ennuierai un peu. Au bout de 25 ans de grimpe, je le vois, je fuis les blocs sur arquées alors que c’est ma spécialité ! Je regarde le bloc à réglettes, il ne m’excite pas ! Soit le bloc est extrême, ce qui est rare, alors les prises font souvent mal et je me dis que je préfère garder mes tendons et la peau pour des challenges outdoor. Soit, trois lolottes plus tard j’ai randonné le bloc sans aucun challenge. Apprendre des nouvelles gestuelles me permet donc de rester dans une dynamique où je me vois encore progresser, où je rencontre des défis.
D’autre part, les blocs modernes sont généralement des blocs à “prise de risque”. Il faut vaincre sa peur dans certains jetés, oser charger des pieds fuyants… et en falaise il faut aussi jouer avec l’aléa, moins certes, mais du coup ça donne une certaine marge sur le caillou. En gros quand tu vas faire un dynamique en falaise, il va te sembler “easy” par rapport à l’énorme skate que t’as essayé quelques jours avant à la salle. Des compétences mentales sont donc très sollicitées et sont transversales sur tous les supports d’escalade.
En bloc moderne, il faut aussi développer des compétences de proprioception ( = en gros de repérage dans l’espace). Personnellement, ça me demande d’être très attentif à mes sensations et de visualiser les mouvements là où dans des styles classiques je peux compenser en serrant la prise ou en fermant le bras. Bloqué dans un crux en falaise, je vais donc être davantage capable de ressentir mon corps mais aussi de sortir des méthodes classiques car mon panel de mouvements possibles a augmenté: coordonner le bas avec le haut du corps par exemple.
Pour illustrer mes propos, j’essaye depuis l’an dernier un 9a+ à Orgon: Sashidananda. Je suis récemment retourné dans la voie au bout d’un an. Le crux est un jeté latéral vers la droite, pas très loin mais sur de mauvaises prises de départ. Après avoir passé des mois à me casser les dents sur des styles de blocs modernes, cette année, j’ai vraiment senti une différence dès mes premières montées, le mouv’ m’a semblé ridicule par rapport à ces skates et jetés qui me terrorisaient il y a pas si longtemps ! Je sens que le gain est mental mais pas que: je me propulse mieux avec mes jambes et je saisi mieux la prise d’arrivée !
Toujours dans la même voie, un jeune grimpeur mutant qui commence a comptabiliser les voies dans le 9ème degré, Victor Guillermin, et qui a fait la première répétition de Sashidananda, a trouvé une nouvelle méthode dans le deuxième crux.
Personnellement je n’y aurais jamais pensé: il fait un énorme jeté droit dans l'axe et shunt le petit jeté latéral ! Si Maho Normand ne me l’avait pas dit je n’y aurais jamais pensé tellement c’est loin ! La méthode n’est selon moi pas plus facile, mais elle lui a permis de faire la voie! Ce n’est que mon avis, mais selon moi cette méthode ne serait pas sortie il y a 15 ans. J’ai demandé à l’intéressé son avis sur la question, voilà ce que Victor m’a dit : “Et bien je savais même pas que c'était la méthode "de base"par la droite... moi j'ai toujours fait cette méthode, car ça me permettait de sauter la mauvaise arquée. Mais honnetement, je ne sais pas si les "coordos" faite a l'entrainement ont un quelconque impact en exté. C'est juste que ca permet d'élargir sa gestuelle et son panel technique. A partir de ça, c'est plus simple d'imaginer des méthodes !”.
Je crois que tout est dit: plus votre répertoire gestuel sera grand, mieux vous saurez improviser, créer et vous adapter à toutes sortes de situations.
Mais ne vous méprenez pas, je ne fais pas ici l’apologie des blocs modernes. Cette pratique comporte des écueils majeurs sur le plan physique et technique si vous voulez plier votre projet en falaise ! Dans la prochaine newsletter je donnerai des outils pour jongler entre old et new school pour vous garantir une motivation haut toute l’année et l’atteinte de vos objectifs outdoor.
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